Quand la souffrance est plus grande
Mardi, rendez-vous à la radio sociale de Petare pour présenter l’ergonomie. Après avoir été quelque peu importuné par la police qui cherchait visiblement à améliorer l’ordinaire en tentant le coup avec un petit français, peine perdu, mes poches étaient quasiment vides, me voilà enfin au studio. Emission bien menée, des interlocuteurs de qualité, attentifs et connaisseurs en matière de conditions de travail : Luis, spécialiste de la question au sein du ministère du travail et Carlos, chargé de mission au sein du ministère de l’environnement. Une bonne émission donc…
La foule s’avance pour voir la tragédie, pendant que nous partons traumatisés par cet acte insensé. Comme une trainée de poudre, l’information parcours la gare, et de toutes parts, les gens accourent par curiosité. Je n’ai jamais compris cette curiosité macabre. Peut-être s’agit-il d’une sorte de besoin de se confronter à la mort pour s’en convaincre, pour la voir et la rendre plus humaine. Peut-être pour savoir si la personne fait partie d’une de ses connaissances…
Mais pourquoi se suicider de la sorte ? D’après certaines études canadiennes, le suicide dans le métro se fait proche de chez soi, dans une station proche. Faut-il y voir la volonté d’exprimer quelque chose de singulier à sa famille ? On remarque aussi que ce sont souvent des personnes à faibles revenus. Et ici, à Petare, la misère est toujours présente. Pendant des années, cette population était totalement abandonnée par l’Etat, aucun service public, aucune aide de quoi que ce soit, aucun avenir, aucun horizon possible. Avec le développement des missions d’alimentation, de santé, d’éducation notamment, la misère s’est amenuisée, mais la pauvreté existe toujours très largement. Faut-il voir chez cette jeune fille l’acte désespéré d’une représentation d’un horizon bouché ? Nous ne le saurons jamais.
Mais pourquoi le métro ? Cette manière de se donner la
mort est d’une rare violence, d’abord elle se fait devant les voyageurs, comme
si la personne voulait montrer au monde entier son désespoir, l’inscrire dans
la mémoire collective. Il semble aussi que ce genre de suicide ne soit pas
impulsif, mais réfléchi, prémédité. D’ailleurs, souvent, la personne tire la
sonnette d’alarme et annonce son désir de mettre fin à ses jours. Dans les
quartiers populaires, plus qu’ailleurs encore, les possibilités de prendre en
charge cette détresse sont quasi inexistantes. Ce genre d’acte, renvoie à la destruction corporelle, à