Ici
En ces temps mondiaux incertains, en ces moments de crises financières qui cachent mal la crise plus profonde d’un système capitaliste qui s’essouffle, dans cette histoire immédiate qui galope bon train, c’est au Venezuela qu’il faut être. Oui, dans le Venezuela de Chavez. Aujourd’hui! Dans ce pays coloré à plus d’un titre où l’effervescence est d’abord dans les barrios, dans ces bidonvilles accrochés à leur colline, dans ces maisons de briques nues, de béton vieilli, dans ces callejons où on risque de se faire occire, dans ces maisons où l’eau est rare, où les ordures jonchent le parvis des habitations, où parfois un « comedor popular » rappelle que la faim n’est pas un vain mot.
C’est d’abord dans ces quartiers qui effraient au premier abord, que la révolution se poursuit chaque jour. Parce qu’elle est une nécessité vitale pour cette masse de population jusque là abandonnée par un Etat recroquevillé sur les intérêts de se petite oligarchie. Ah , vous trouvez que j’exagère. Et qu’en pensent les habitants des cités françaises, des banlieues et des quartiers populaires. Étrangement, quand on discute avec les habitants de Sarria, barrio du Nord de Caracas, ou avec ceux de la Vega au Sud, on sent comme des proximités de point de vue, ce sentiment de l’abandon des puissants. Mais ici, ce qui force l’admiration, c’est l’énergie avec laquelle chacun se prend en main pour faire, pour agir, pour installer ici une radio, là un cours d’alphabétisation, ailleurs un « comedor » pour les plus pauvres. Ici, la solidarité n’est pas un vain mot. Bon, ok, il n’y a pas trop de chichi, de « vous en reprendriez bien un peu svp », non ici, c’est direct, si t’as faim, tu demandes et on te donne, voilà tout.
Hier, je suis allé visiter une radio, plus exactement un média communautaire, comme ils aiment que l’on dise. Ça m’a rappelé les radios associatives de nos quartiers, vous savez celles qui vont bientôt disparaître en France grâce à Sarkozy et sa stupide loi de suppression de la publicité sur les télés et radios publiques. Et bien, en faisant court, ça impacte directement sur les radios associatives, qui représentent "juste" 25% des radios françaises. Ben oui, la parole libre et non commerciale, c’est fini chez nous. Mais par contre, au Venezuela, ça explose. Pendant tant d’années, les radios libres se planquaient pour émettre, se faisaient régulièrement démolir par les autorités de l’oligarchie (j’aime bien ce mot, ça fait savant, et à vrai dire, j’en connais pas d’aussi juste en la matière).
Je suis allé dans
Radio negro Primero n’est pas qu’une radio, c’est aussi un journal papier disponible dans tous le quartier, un programme vidéo visible sur internet, une page web qui n’a rien à envier à nos médias français, c’est une information fabriquée par les gens de cette radio et pas une compilation des agences de presses internationales. Ici, il n’y a pas de « circulation circulaire de l’information », comme le disait Bourdieu. Ici, l’information est toujours de première main. Et pourtant, pas un de ces doux rêveurs n’a eu une formation dans une prestigieuse école de journalisme. Et allez savoir pourquoi, ça se sent.
http://www.radionegroprimero.org.ve/